Histoires & Contes

Le Sultan et l’Oiseau

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Il était une fois dans une contrée lointaine qui n’est pas sans rappeler la beauté des Mille et une Nuits, un riche sultan que le destin ne gratifia que d’un seul et unique enfant.

Le roi aimait tendrement son fils qui ne portait que les ornements les plus coûteux et ne mangeait que les mets les plus fins.

Quand celui-ci arriva à l’âge adulte, le sultan consulta les sages du royaume en prévision de ses noces, mais leur révélation le surprit :

– Ô, grand sultan, les astres ont parlé. Pour le jeune prince, l’épousée n’est pas de sang noble, mais elle saura lui apporter richesse et prospérité si sa maisonnée se montre honorable. La jeune fille vit dans une petite chaumière aux limites de la cité.

Le sultan envoya la garde royale quérir la promise qu’ils découvrirent pauvrement vêtue dans une maison aux toits branlants. Toutefois, avant qu’ils n’arrivent, ils perçurent au loin un bruit ressemblant à des battements d’ailes, mais n’y prêtèrent pas attention.

– Comment te nommes-tu, interpellèrent-ils l’inconnue.

– Soheïla, répondit la jeune fille d’une voix chantante.

– Tu as été choisie pour devenir l’épouse de l’unique fils du sultan. Accompagne-nous, nous te ramenons au palais.

Sur ces mots, les gardes escortèrent l’étrange fiancée dont la beauté contrastait avec le dénuement que laissait paraître son attirail. Peu satisfait du choix des sages, le sultan décida de célébrer les noces de son fils dans la plus grande discrétion.

Il exigea de son fils qu’il demeurât au palais et fit construire une petite cabane près du poulailler pour sa femme. Un jour, alors que le garçon se tenait près d’une falaise avec son cheval, il vit un énorme oiseau le survoler puis l’attaquer pour finalement l’avaler.

La nouvelle de la mésaventure du prince se répandit dans tout le royaume. Accablé de chagrin, le sultan s’enferma des jours durant dans ses quartiers. Un matin, un vieil homme vint solliciter le roi avec la promesse de l’aider à retrouver son fils. Le sultan débarqua en trombe dans la salle d’audience et secoua l’aïeul sans ménagement :

– Parle donc, père-grand ! Dis-moi où est mon fils ! Gronda-t-il.

– Calme-toi, mon bon roi, plaida le pauvre homme.

– Par Dieu, aide-moi et ta récompense sera grande. Que sais-tu ?

– Où donc est la femme du prince, demanda ce dernier.

Étonné, le sultan répondit :

– Nous l’avons mise près du poulailler, argua le roi, non sans une certaine gêne.

– Chaque matin, le maître des oiseaux vient lui rendre visite et lui demande : « Comment est ton séjour chez les miens ? » Ce à quoi elle répond toujours : « Aussi triste et infertile que peut l’être un sol aride ».

– Que dois-je faire ? s’inquiéta le souverain.

– Va et prends le plus gros de tes béliers noirs que tu égorgeras et que tu feras préparer par tes cuisiniers avant de le déposer près du poulailler. Ensuite, déplace ta bru dans une des belles suites du palais qui comporte un lit drapé de soie. Un énorme oiseau passera et viendra manger, après quoi, ton fils en sortira tel quel.

Même s’il doutait du bon sens du vieil homme, il fit tel qu’il le lui demanda et le lendemain, le sultan égorgea le bélier, le découpa, le sala, et le disposa à l’endroit recommandé par le vieillard.

Comme ce dernier l’avait prédit, l’oiseau arriva et s’étonna de trouver le plateau dressé près du poulailler. À la grande surprise du roi, l’animal se mit en quête de l’épouse de son fils et, ne la trouvant pas, commença à se repaître du gibier. À ce moment-là, le souverain aperçu une belle jeune femme richement vêtue qui s’approcha de l’oiseau.

– Ma reine, salua respectueusement l’oiseau. Comment est ton séjour chez les miens ?

Ébahi, le sultan reconnut la femme de son fils unique.

– Aussi joyeux et festif que le printemps, répondit cette dernière. Hélas, je regrette que mon époux ne soit pas là pour partager ces moments avec moi.

À ces mots, repu et satisfait, l’énorme oiseau ouvrit grand son bec d’où en sortit le prince. Il s’envola ensuite et disparut dans les nuages, laissant le peuple en liesse tout à sa joie de retrouver son prince.

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